Chapitre 3

Rejetée.

Excommuniée

Exilée.

Bannie.

Comment osent-ils.

Il y avait tellement de façons de le dire, mais la seule chose qui importait en l’état actuel des choses, c'est que c'était de parfaits imbéciles. Déjà que l'alchimie est un art incompris, mais de là à se détourner de ses associés, de sa maison…. Crétins, va.



Mara se tenait aux portes de son lieu de naissance, Skjellafoss, un district en bordure Est du monde. Même à cette distance, elle pouvait entendre le grondement des puissantes cascades sur lesquelles la ville était construite, et elle pouvait encore voir les maisons reliées par des passerelles branlantes. Les utilisateurs de magie de Skjellafoss croyaient que vivre de manière dangereuse au milieu des chutes était la clé pour libérer leur potentiel.

Les alchimistes étaient particulièrement en phase avec la nature, respectant les contrôles et les équilibres qui permettent à de simples humains de manipuler la matière. Mara était l'une des principales chercheuses de Skjellafoss jusqu'à ce que l’on découvre qu'elle expérimentait les arts noirs interdits. Elle avait juste cherché un moyen de faire revivre un dragon squelettique qui s’avérait être la sœur de Drake. Perturber la chaîne de la vie de cette façon était formellement interdite à Skjellafoss et son dirigeant ne voulut même pas savoir comment Mara avait prévu d’utiliser le dragon pour aider à protéger la ville.

Elle observait les eaux tumultueuses des chutes, jetant un dernier regard sur cet endroit qui l'avait trahi. Mara avait toujours été perçue comme une personne froide, distante, sans émotion. Elle n'avait jamais imaginé qu'une telle accusation puisse sonner aussi vraie qu’en cet instant. Elle n'en ressentait plus que du dédain.

Espèces de bouffons, d’idiots, d’imbéciles, de simples d’esprits.

Elle grimaça en ramassant l'unique paquet de fournitures qu’on lui avait permis d'emporter avec elle. La fumée sortait de son laboratoire, ses recherches "taboues » étaient en train de disparaitre dans les flammes. Elle partit sans se retourner.



Au pied de la puissante cascade de Skjellafoss, un jeune Chasseur admirait la fumée qui s’échappait en volutes en direction de la lune. Vous reconnaissez Farah et son compagnon loup aux yeux d’émeraude, Aera. Farah ne voyage depuis quelques mois maintenant qu’avec rien d'autre que de simples provisions et un message qu'elle a soudainement reçu d'une mère qu'elle pensait être décédée depuis longtemps. La note en lambeaux disait simplement " Trouvez la Guilde "

Elle errait de ville en ville et son association d’experts en techniques de survie ne lui avait donné que peu d’informations sur la Guilde. Même avec l’aide d’une telle organisation, la Guilde demeurait un mystère. Ses journées avaient été remplies d'informations vagues et de fausses pistes occasionnelles. Farah, pourtant, ne se laissait pas décourager par son esprit, souriant courtoisement à tous ceux qu'elle rencontrait, voyant chaque impasse de son parcours comme une expérience d’apprentissage. Elle sortit une carte bien usée, rayant certaines villes qui avaient peu d'informations à offrir. Farah marcha du sud à l’est, et plus elle avançait, plus les pistes se confirmaient. Cela semblait être la bonne direction, et au moins le ciel était suffisamment dégagé ce soir pour qu'elle puisse voir les étoiles. Elle alluma un feu et établit son camp au pied de la cascade, Aera se pelotonnant à côté d'elle. Farah sourit alors qu'elle grattait les oreilles de son ami loup

Elle se demandait dans quel genre d'endroits ses pas la conduiraient le lendemain.

Tout au long de son voyage, elle fut retardée à cause de divers villages dans le besoin. Elle enseigna aux agriculteurs un moyen plus approprié et plus efficace de planter leurs cultures afin de maximiser leurs récoltes.

Elle remit aux malades et aux pauvres les quelques pièces de monnaie qu’elle avait accumulées. Elle soigna des animaux blessés dans les forêts et des enfants blessés dans les villes. Le travail était souvent ingrat malgré les efforts qu’elle déployait mais cela n'avait jamais d’importance. Elle disait toujours que le changement positif débutait par un tremplin unique et qu’ensuite elle pouvait faire tout son possible pour aider les personnes dans le besoin. " Fais du bien aux autres " C’était une devise qui comptait plus que tout pour elle. Cela lui rappelait sa mère, du moins le peu qu’elle s’en souvenait. Tant d’années s’étaient écoulées que son image commençait maintenant à s’estomper, un peu à la manière d’une vieille photo abandonnée au fond d’une rivière et dont le courant avait fait pâlir chacune des couleurs et fait perdre tout son éclat au fil du temps.

Trouver la Guilde......

Le souvenir prend fin.